La magie noire : pourquoi elle est facile et addictive...

Ces deux mots quand ils sont juxtaposés font peur : magie noire. Ils évoquent de sombres rituels sur des poupées, des sacrifices animaux ou humains, des incantations diaboliques prononcées dans des lieux secrets, le mauvais œil et des gris-gris funestes, des êtres dépenaillés et marginaux reclus dans de vieilles maisons et qu’il vaut mieux ne pas se mettre à dos, ou de grands sabbats ancestraux où adorations démoniaques et scènes orgiaques se mêlent dans des forêts reculées…


On pourrait proposer plusieurs définitions de la magie noire. Comme par exemple une pratique sorcière affranchie de toute condition morale (le fameux « fais ce que tu veux » de Crowley), et pour laquelle la fin justifie les moyens. En réalité loin des mythes et des peurs inconscientes, elle ne diffère de la magie blanche que dans l’intention. Là où la magie blanche veillera à ce que les résultats adviennent « sans nuire à quiconque », et où l’intention sera toujours pure, le mage noir lui ne redoutera pas de faire abstraction totale du libre arbitre d’autrui, de la morale, et de la nature d’éventuelles entités sollicitées pour l’aider. Loin des superstitions de sacrifices de nourrissons les nuits sans lune, la magie noire c’est simplement considérer que l’objectif final prime sur les méthodes et les conséquences découlant des sortilèges mis en place pour y parvenir. Encore une fois, le mot d’ordre c’est que la fin justifie les moyens.

Beaucoup de pratiques, qui ne paraissent pas « si terribles », tombent déjà dans le domaine de la magie noire : effectuer des opérations magiques pour s’assurer de l’amour d’un tiers par exemple, c’est déjà de la magie noire (alors que vous trouverez ce genre de sortilèges dans des livres de magie bénéfique bien souvent !) , puisqu’en agissant comme tel, on ne respecte pas le libre arbitre de l’élu de son coeur. Pratiquer des soins magiques sans le consentement direct du malade pourrait aussi se situer près de la frontière entre magie blanche et magie noire.


Le mage noire ne s’empêche rien, ne se prive de rien, ne se soucie que de lui-même et de ses intérêts directs. Il a aboli la morale au profit de ses désirs ou de sa volonté délibérée de nuire.

Et ça marche...

Ça marche même tellement bien qu’il est possible d’affirmer que la pratique de la magie noire est plus immédiate, plus facile d’accès et donne des résultats plus spectaculaires que les voies de la lumière quelle qu’elles soient !

Pourquoi est-ce si facile ?

J’en appelle à l’honnêteté de chacun : dans la vie courante, qu’est-ce qui est le plus simple : céder à un désir personnel, ou servir la communauté ? Vouloir son propre bien, ou le bien d’autrui ? Mobiliser sa colère, sa rage, sa concupiscence ou mobiliser un sentiment altruiste et totalement désintéressé ?
Chacun conviendra qu’un caprice qu’on satisfait pour soi est plus immédiat que de grands idéaux purs et élevés...

Et comme la magie fonctionne sur le principe de la volonté, ce qu’on appelle la « volonté forte », c’est à dire une volonté focalisée et canalisée d’une manière précise dans un objectif précis, il est facile de déduire pourquoi la magie noire donne, au moins au début, de bien meilleurs résultats que la magie blanche.

Si vous deviez mobiliser une émotion, la faire croître et l’amplifier de manière démesurée, l’attiser, et la libérer d’un coup (ce qu’on appelle le phénomène de rupture), ne serait-ce pas plus facile avec une colère noire contre votre pire ennemi, ou un désir vif et saisissant pour celui ou celle que vous aimez et qui est indifférent à vous ? Un puissant sentiment d’injustice menant à un viscéral besoin de vengeance n’est-il pas plus facile à mobiliser que la pureté d’un sentiment altruiste ?

Vous voyez où je veux en venir. La magie noire est un engin dont le carburant réside dans nos émotions les plus immédiates, les plus instinctives, les plus brutes. Des émotions qui peuvent nous soulever et nous dépasser totalement. Quelque chose de primal et d’ancestral chez l’homme. Et surtout quelque chose qui est très facile à susciter dans un cadre rituellique. Faire quelques bricolages avec des herbes et des bougies ne fera jamais rien de magique. En revanche, se servir de supports matériels assortis à un travail mental adéquat, là on commence à rentrer dans le vrai travail sorcier. Et quoi de plus facile que d’effectuer ce travail avec des émotions puissantes et instinctives ?


Il y a d’autres raisons qui rendent la magie noire plus efficace. Le mage noir lance ses sorts sans condition et sans restriction, en ligne droite, et qu’importe pour lui s’ils apportent le mal ou qu’ils déséquilibrent tout sur leur passage !
Le mage blanc, lui, va lancer ses sortilèges avec des conditions, particulièrement le « sans nuire à quiconque ». Sa magie sera donc contrariée par des évitements, des tours et des détours, pour que l’objectif soit atteint sans rien détruire sur son passage. Le sort noir lui, déchire son parcours comme un éclair déchire le ciel, et tant pis pour les dommages collatéraux ! C’est une ligne droite contre une ligne en zig-zag ! Laquelle est la plus courte et la plus simple ? Laquelle mène à l’objectif le plus rapidement sans perdre toute sa force initiale ?
Vous l’avez déjà déduit vous-même...

La prudence circonstancié de la magie blanche amène des résultats bien moins nets que la fureur indomptable d’un sort de magie noire, du moins quand on débute.

Pour ces raisons, la magie noire est dangereusement addictive. A votre premier sortilège, vous obtiendrez peut-être les faveurs de celui ou celle que vous désirez. Puis à votre deuxième sortilège, vous constaterez qu’il est possible de s’enrichir au détriment d’un autre. Puis vous allez vous ingénier à pourrir la vie de cet ancien camarade qui vous humiliait au collège, et vous vous régalerez de ça, parce que ça marchera... Et bientôt, vous ne pourrez plus éprouver le moindre désir sans avoir recours à votre sombre magie... Ça y est. Vous êtes accro.
Et alors me direz-vous ? Tout va bien non ?


Pas tout à fait. Pour que ce topic ne vire pas à l’éloge total de la magie noire, il faut émettre des réserves, et préciser que cette addiction ne saurait être sans conséquence.

Le mage noir a tout d’abord à encaisser l’effet boomerang, le fameux « choc en retour ». Tant que ses talents ne lui permettent pas de se prémunir contre les retours de flammes, il subira autant de mal qu’il en fait.
Et puis il est amené à frayer avec des entités et des forces qui sont loin d’être dociles et bénignes. Démons, Déesses et Dieux capricieux et vindicatifs... Qu’il ne s’imagine surtout pas les domestiquer comme des animaux de compagnie ! La lame qu’il manie est à double tranchant, et dans la folle course à ses désirs, la question n’est pas de savoir s’il trébuchera et deviendra la victime de ses propres alliés, mais plutôt de savoir quand...! Un seul faux pas, une seule maladresse, et il pourrait bien être l’objet de tourments bien supérieurs à ceux qu’il suscite, qu’il l’admette ou non.

Une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, le mage noir prend tous les risques pour obtenir ce qu’il veut. Et sans doute que, s’il ne se modère pas, viendra le jour où il se demandera douloureusement si le jeu en valait vraiment la chandelle…

Tout à fait d'accord, peut-être pas très convaincu par la fin...

Rho Chuuuuuuuttt… J'essayais d'avoir l'air convainquant ….!! rires